Stage M2 : Combien de temps la chlordécone (insecticide) va-t-elle subsister dans les sols antillais ?
Contexte scientifique:
Entre 1972 et 1993 aux Antilles françaises (Martinique et Guadeloupe), pour lutter contre le charançon du bananier, les agriculteurs ont appliqué au pied de leurs plants de la chlordécone, un insecticide organochloré toxique. A la fin des années 1990, l’intensification des pratiques agricoles aux Antilles a entraîné une accélération de l’érosion des sols et des transferts de sédiments vers les rivières et la mer (Sabatier et al., 2021). Pour mieux comprendre les transferts sédimentaires et de chlordécone associés le long du continuum terre-mer, il convient d’étudier les dynamiques érosives à l’échelle de la parcelle. Pour cela, le stage s’appuiera sur la technique des bilans de 137Cs (Chartin et al., 2013). En quantifiant les retombées de ce radionucléide artificiel sur les sols suite aux essais nucléaires atmosphériques des années 1960, on peut alors reconstruire son cheminement avec les particules sur les versants depuis lors et calculer les taux de redistribution de sol correspondants. À cette fin, des carottes de sols seront prélevées le long de transects dans une bananeraie-pilote afin d’établir un bilan de redistribution des sols et de la chlordécone à l’échelle de la parcelle.
Objectif scientifique :
L’objectif du stage consiste à analyser des carottes de sol prélevées dans une parcelle de bananeraie située dans le bassin versant du Galion (Martinique, France) afin d’établir un bilan de redistribution des sols au cours des dernières décennies (1960–2020). Pour ce faire, les carottes seront analysées par spectrométrie gamma au LSCE afin de déterminer les activités en radionucléides (et notamment en 137Cs). Les inventaires mesurés seront ensuite convertis en taux de redistribution de sol à l’aide de modèles dédiés. D’autres mesures comme la teneur en éléments chimiques majeurs, en matière organique ou la distribution granulométrique pourront être effectuées en complément. Le laboratoire dispose à cette fin d’un core scanner de fluorescence des rayons X, d’un appareil EA-IRMS et d’un granulomètre laser.
Caractère innovant :
L’utilisation du 137Cs pour étudier les dynamiques érosives dans une bananeraie est intéressant car ce radionucléide présente des caractéristiques similaires à la molécule chlordécone : forte affinité avec la matière organique et les argiles, hydrophobe. Ainsi, en étudiant a posteriori le déplacement du radionucléide à travers la parcelle, des mesures ponctuelles de chlordécone permettront d’estimer la rémanence de la contamination dans les sols.
Moyens mis à disposition:
Le stage se déroulera au LSCE (CEA Paris-Saclay, site l’Orme des Merisiers) selon les modalités en vigueur au CNRS (gratification de stage selon le barème légal, mise à disposition d’un bureau et d’un PC portable pendant la durée du stage, remboursement à 50% de l’abonnement de transports en commun en Île-de-France, accès au restaurant d’entreprise au tarif étudiant). Il sera organisé au 1er semestre 2023 (dates exactes à convenir). https://www.lsce.ipsl.fr/Phocea/Vie_des_labos/Ast/ast_groupe.php?id_groupe=18
Un·e étudiant·e avec des compétences en hydrologie, en sciences du sol, en géochimie et/ou en agronomie est particulièrement recherché·e. La maîtrise des Systèmes d’Information Géographique (SIG) et du logiciel R sera très appréciée.
Ces travaux s’inscriront dans le cadre du plan Chlordécone IV de l’Etat :
Pour candidater:
Les candidatures (CV, lettre de motivation et coordonnées d’une ou deux personnes de recommandation) sont à envoyer aux encadrants du stage (Olivier EVRARD – olivier.evrard@lsce.ipsl.fr et Rémi BIZEUL – remi.bizeul@lsce.ipsl.fr) avant le 30 novembre 2022.