Les pérégrinations de l’Homo erectus javanais vers 1,8 Ma

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a/ Exemple de trajectoire de migration de l’homme de java basée sur le contexte physiographique de l’époque. b/ Probabilité de présence de Homo Erectus déduite de l’ensemble des scenarii de trajectoires.

La migration des Homo erectus en Asie du Sud-Est au Pléistocène précoce est un élément essentiel à notre compréhension de l’évolution du genre Homo. Or, la restitution d’une histoire plausible bute à la fois sur une chronologie controversée et sur la connaissance trop parcellaire de leur environnement en rapide évolution. Il s’agit donc de déterminer la période de dispersion des H. erectus en Asie du SE, de reconstruire leur environnement à cette période, et de déterminer leurs trajectoires migratoires.

Des équipes d’ISterre, du CEREGE ainsi que de l’Université de Sydney (Australie) et de la National Research and Innovation Agency (Indonésie) proposent le cadre chronologique et géographique de la migration des premiers hominidés de type Homo erectus sur l’île de Java.

Notre travail comporte donc 3 volets :  

1) Tout d’abord, en utilisant la méthode de datation par les nucléides cosmogéniques 10Be et 26Al pour la première fois pour l’Homme de Java, nous constatons que les H. erectus se sont déployés à Sangiran (Java) vers 1,8 Ma. Cet âge étonnamment ancien, proche de celui des H. erectus chinois ou géorgiens, impose de réviser les modalités de circulations en Asie continentale.

2) Ensuite, en adossant des méthodes numériques de reconstruction des paysages à un faisceau d’observations géomorphologiques, nous établissons le contexte physiographique régional. Celui-ci était fondamentalement différent de l’Actuel, puisqu’il proposait des conditions continentales hospitalières sur l’ensemble de la Sonde (à l’ouest de l’Asie du Sud-Est) tandis que l’île de Java émergeait tout juste de l’océan et se connectait à la Sonde.

3) Enfin, des simulations numériques des déplacements écologiques nous permettent d’établir de façon inédite les chemins de migrations et lieux d’accumulation les plus probables des H. erectus au travers de ces paysages reconstruits. Nous calculons que la dispersion des H. erectus au travers de la Sonde s’est établie sur des dizaines ou centaines de milliers d’années, un temps suffisamment long pour que les changements dans leur environnement physique -climatique ou physiographique- aient influé sur les processus migratoires et comportementaux des H. erectus.

Avec cette méthode de reconstruction globale inédite, qui permet de reconstituer la chronologie du peuplement de l’Asie du Sud-Est, cette étude offre un nouveau cadre méthodologique pour évaluer l’évolution des hominidés.

Lien vers l’article : https://doi.org/10.21203/rs.3.rs-1818726/v1

Husson L., Salles T., Lebatard A-E., Zerathe S., Braucher R., Noerwidi S., Aribowo S., Mallard C., Carcaillet J., Natawidjaja D.H., Bourlès D., ASTER team. Javanese Homo erectus on the move in SE Asia ca. 1.8 Ma. Scientfic Reports.