L’étude des Séismes Profonds au Laboratoire

Cette figure, inclue dans les suppléments de l’article dans Geology, présente des images de l’échantillon G22 après expérience. (a) Sur cette image de microscopie optique, l’échantillon (coupé dans le sens de la longueur puis poli) est visible en intégralité dans sa capsule en or. Ce dernier est constitué d’olivine de germanium (Ge-olivine) plus claire au centre, entre deux cylindres de ringwoodite (Ge-spinel) plus sombre. L’olivine est partiellement transformée en ringwoodite. Une faille (pointillés) s’est propagée à travers les trois parties de l’échantillon. Les images (b) à (g) obtenues par microscopie électronique montrent la présence de produits de fusion recristallisés le long du plan de faille qui résultent de la propagation dynamique de la rupture à haute pression.

Dans une récente étude publiée en ligne le 27 mai dernier, le groupe de mécanique des roches de l’ENS Paris s’est intéressé à la rupture par transformation de phase en tant que potentiel mécanisme à l’origine de la sismicité profonde, c’est-à-dire, à plus de 400 km de profondeur. Les séismes profonds sont en effet énigmatiques car ils se produisent à la base de l’asthénosphère, très loin au-delà de la classique transition fragile-ductile, où les roches fluent de manière visqueuse.

L’étude est fondée sur des expériences de déformation à haute pression et haute température durant lesquelles sont enregistrées les émissions acoustiques provenant des échantillons. Ces dernières sont l’équivalent expérimental des séismes à l’échelle de l’échantillon (leur magnitude varie typiquement de –9 à –5). Des échantillons d’olivine synthétique ont été déformés pendant leur transformation en ringwoodite, cette même transformation qui a lieu dans la zone de transition où se produisent les séismes profonds. Les résultats confirment que cette transformation est en effet à l’origine d’instabilités mécaniques qui causent la rupture sismogène des échantillons. Plus important encore, la relation entre la vitesse de déformation des échantillons et la vitesse à laquelle ils se transforment semble contrôler l’apparition de cette instabilité mécanique. Cette relation suggère qu’un tel mécanisme peut également être à l’œuvre dans le manteau terrestre, où les roches se déforment bien plus lentement mais où les vitesses de transformation sont également bien plus lentes.

Pour découvrir l’article:

Julien Gasc, Clémence Daigre, Arefeh Moarefvand, Damien Deldicque, Julien Fauconnier, Blandine Gardonio, Claudio Madonna, Pamela Burnley, Alexandre Schubnel; Deep-focus earthquakes: From high-temperature experiments to cold slabs. Geology 2022; doi: https://doi.org/10.1130/G50084.1